L‘opposition de gauche au parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a dénoncé mercredi la « lâcheté » et la « complicité » de la ministre des Médias, Jacqueline Galant (MR) pour son refus de condamner la participation d‘Israël au concours Eurovision de la chanson.
Les députés Isabella Greco (PS) et Octave Daube (PTB) ont profité mercredi de la séance plénière pour interpeller la ministre libérale sur la présence à cette épreuve d‘Israël, accusé d‘affamer et de bombarder les populations civiles de Gaza. Les deux élus de gauche souhaitaient savoir si la Fédération Wallonie-Bruxelles, via la RTBF, allait, à l‘instar du Premier ministre espagnol ou de la VRT, remettre en cause sa participation à la prochaine épreuve si Israël continuait à y être associé.
Tout en se disant « horrifiée » par les images en provenance du Proche-Orient, Jacqueline Galant a rappelé que l‘Eurovision était un « concours privé » organisé par l‘Union européenne de radio-télévision (UER), et qu‘il ne lui appartenait dès lors pas de s‘en mêler. « Il n‘est pas dans mes compétences d‘intervenir dans les choix éditoriaux des opérateurs audiovisuels », a fait valoir la Jurbisienne.
Celle-ci a toutefois dit s‘inscrire dans la demande adressée par la RTBF à l‘UER pour obtenir toute la clarté sur l‘organisation des votes du public, qui ont amené la candidate israélienne à la 2e place de l’épreuve.
Une réponse qui n‘a pas vraiment satisfait les deux élus de gauche, très remontés. « Vous préférez choisir le silence de la lâcheté et de la complicité ! », a notamment fustigé l’élue socialiste. Dénonçant un deux poids deux mesures dans l‘attitude de Jacqueline Galant, la députée a rappelé que la ministre avait fait preuve de moins de retenue en septembre dernier pour critiquer publiquement le contenu d‘une capsule vidéo diffusée par la RTBF sur le racisme.
Le député Daube est allé encore plus loin dans ses attaques. « Vous êtes complice d‘un génocide ! », a-t-il lancé. « Quand on ne prend pas de sanctions (envers Israël), on est complice ! », a ajouté l’élu marxiste, sans perturber l‘indifférence des élus de la majorité pour ses propos.
En début de soirée, la ministre Galant a fermement réagi sur X à ces attaques. « Toutes les digues ont sauté », a commenté la libérale.
« Accuser une responsable politique de complicité de génocide dépasse toutes les limites que peut tolérer le débat démocratique. J’ai longtemps cru que ce qui nous rassemblait en tant que citoyens — l’humanisme, la décence, le respect de l’autre — était plus fort que ce qui nous séparait politiquement. La gauche n’a ni le monopole du cœur, ni celui de l’indignation. Mais aujourd’hui, elle revendique sans honte celui de l’indécence », a-t-elle asséné.